La maison du vice

Il y a quelques temps j'étais en train de chatter sur MSN avec une femme que je venais à peine de rencontrer sur le Réseau Contact. Et moi quand je rencontre quelqu'un, je n'y vais pas par quatre chemins me présenter sous mon vrai visage, pour lui dire en d'autres mots que je suis un échangiste. Je vais droit au but, car le chemin le plus court est souvent le plus efficace. Ça me donne au moins l'avantage de me comporter en personne authentique et non en manipulateur. Et qu'est-ce qui est mieux selon vous? Un échangiste qui dit la vérité ou un non-échangiste qui raconte n'importe quoi pour plaire? Un non-échangiste qui jure qu'il est fidèle alors que son cœur se promène à gauche et à droite est-il une meilleure personne du fait qu'il n'est pas échangiste? Puis un autre qui déclare à qui veut l'entendre que les seuls moments qu'il lui arrive de s'éloigner de sa femme c'est pour aller à la pêche, alors qu'il en profite aussi pour pêcher autre chose que des truites…

J'étais donc sur MSN en train de tâter le terrain avec une copine virtuelle toute fraîche. Je n'étais pas pour attendre qu'elle s'attache à moi avant de déballer mon sac. La manœuvre aurait été bien trop sadique. Alors pour lui résumer mon emploi du temps, je lui ai dit que je suis en train de faire mon cours d'ingénieur à temps partiel, que je travaille le reste du temps à mon compte comme programmeur analyste dans les bases de données, ce qui est déjà un travail très absorbant. Lorsque vient le temps de décrocher, je fais souvent de l'échangisme. Comme ça si elle n'est pas d'accord, on n'aura pas perdu de temps, ni le sien ni le mien.

Le temps n'a pas été long que tout ce à quoi j'ai eu droit comme réponse à ma franchise, c'est : "Je ne suis pas d'accord avec ça, parce moi que je respecte mon corps!" Quel est donc le rapport! Sans doute un argument appris par cœur! Alors je lui ai offert ce pain : "Écoute bien! Moi je ne prends aucune drogue, je ne fume pas, je ne bois pas d'alcool, je ne bois même pas de café, je suis végétarien, j'évite autant que possible les aliments sucrés, je fais de l'exercice régulièrement et je me lave à tous les jours. Et toi, en connais-tu beaucoup des non-échangistes qui respectent leur corps autant que je respecte le mien?" L'air confuse, elle répond : "Ah! Et ton esprit dans tout ça?" Je lui tend alors cette croûte : "Pour ce qui est de l'esprit, j'ai lu les Évangiles au complet pas plus tard que le mois dernier. Et toi, en connais-tu beaucoup des non-échangistes qui ont tous lu les Évangiles au cours des derniers mois?" Elle a alors pogné les nerfs : "Eh! Coup donc, ça n'aboutira à rien de toute façon!" Click!

 

Où est donc le vice

Alors ça allait mal pour celle qui cherchait le vice chez cet échangiste. Si elle avait été moins "vicieuse", je pense qu'elle se serait montrée plus tolérante et polie. Ou est donc le vice? Voici une piste. Un vieux couple d'allure bien rangé, vivant confortablement sur les intérêts, reçoit un coup de fil d'une maison de sondage. On leur pose la question suivante : "pensez-vous que les clubs échangistes devraient être tolérés?" La bonne femme répond : "Oh! Non! Ce sont des tas de merde!" Or, dans les Évangiles il est pourtant écrit : "c'est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vous." Le mal est donc fait!

Où faut-il donc chercher pour trouver le vice? Avant d'enquêter sur ce qui se passe dans les clubs échangiste, il y a beaucoup d'autres endroits à investiguer. Et puisque c'est défendu par les Écritures de faire des prêts à intérêts, nous pourrions aller chercher le vice dans les banques… Mais nous n'avons pas besoin de chercher aussi loin car il existe un endroit bien plus près de nous-mêmes à sonder pour trouver du mal. Avez-vous pensé à sonder le cœur de l'individu moyen? À titre d'exemple, il y a sûrement des "célibataires" qui vont dans les clubs échangiste pour "tromper" leur femme. Mais c'est dans leur cœur qu'ils commettent le mal et non dans le club. Il faut faire attention à cette nuance.

Pour mieux identifier le vice, pourchassons-le en faisant des analogies. C'est avec de l'argent qu'on fait de l'argent, c'est donc avec de l'argent qu'on exploite les autres. Alors plus on est riche, plus la tentation est grande de faire du mal. Car être riche, c'est détenir le pouvoir de faire du mal. Qu'en est-il pour la sexualité? Continuons avec des analogies. Un riche se promène sur la rue en observant tout ce qui l'entoure. Il pense : "Ah! Les pauvres, c'est tous des paresseux!" Il ne pense pas : "Ah que je suis paresseux! Je passe mon temps à jouer au golf pendant que mes employés me nourrissent et voient à mon confort, à la sueur de leur front. Tout ça parce que je suis le plus rusé." Alors il n'est plus tellement loin de nous le vice, nous le croisons à tous les jours sur la rue, il jette des regards méprisants ici et là, puis et il s'engouffre dans une grosse BMW, peut-être acquise par des moyens "licites" mais pas toujours très moraux.

 

Le vice est partout

Que nous soyions dans un club échangiste ou non, cela n'a aucune espèce d'importance à mon sens. Ce qui me semble crucial cependant, c'est là où est notre cœur. L'analogie entre le sexe et l'argent est intéressante parce que l'argent est un domaine où nous sommes mieux porté à réfléchir sur le sens de la moralité et sur nos valeurs. Je vais donc vous proposer une autre analogie sur l'argent avant d'en revenir à la sexualité. Savez-vous quelle est la différence entre une personne avare et une personne généreuse? Bien sûr que vous la connaissez, je n'ai glissé aucune pogne dans cette question. Est avare celui qui ne dépense que là où c'est lui qui en retire le plus grand bénéfice et est généreux celui qui dépense là où ce sont les autres qui en retirent le plus grand bénéfice. Puis il y a ces tordus qui justifient leur avarice en argumentant en leur for intérieur qu'être généreux revient à ce que les riches se fassent exploiter par les pauvres... à ce que l'exploiteur se fasse exploiter par l'exploité!

Si le vice est partout, où est donc le bien dans la sexualité? Moi j'ai un postulat à vous proposer. "Est sexuellement profiteur celui qui ne prend plaisir que lorsqu'il désire, et est sexuellement généreux celui qui partage son plaisir même lorsque son désir n'est pas au rendez-vous." C'est un pensez-y bien, cette dernière phrase est le résultat d'une réflexion qui m'a quand même pris plusieurs jours. La question qui se pose est donc la suivante : "Sommes-nous capables d'éprouver du plaisir avec une personne qui ne possède pas tous les traits physiques qui nous attirent?" Et pourquoi pas? Y répondre demande une certaine réflexion. Nous sommes habitués à réfléchir sur nos valeurs lorsque c'est l'argent qui est en cause. Mais lorsque nous en venons à faire ce type de réflexion par rapport à notre sexualité, ouche que ça peut sembler difficile! Pourtant, nous avons parlé de la même chose avec notre dernière analogie sur l'argent. L'avare ne dépense que là où il en retire un bénéfice tout comme le méprisant n'échange du plaisir que là où se trouvent ses désirs. Alors que la personne généreuse dépense là où ce sont les autres en retirent un grand bien tout comme une personne chaleureuse peut partager ses charmes même avec des partenaires qui n'ont pas la capacité et le pouvoir déclencher son propre désir. Ça aussi c'est être généreux!

Une main ou une bouche agile, que ce soit celle d'un top modèle ou d'une personne d'apparence bien ordinaire, ça change quoi au niveau du plaisir ressenti? Il y en aura toujours qui veulent tout avoir, pas seulement la main et la bouche agile sur leur sexe, mais aussi le corps le mieux sculpté en ville en guise de trophée. Ça me fait penser à cette prière sur l'argent : "Seigneur, aidez-moi à gagner un million à la loterie. Mais s'il faut qu'un million de personnes perdent pour que je gagne, faites-les perdre crisse!". Combien de mépris faudra-t-il commettre dans ces conditions avant d'obtenir le trésor recherché, le corps le mieux sculpté? Il y a par exemple ces agaces pissettes qui marchent avec les fesses hautes sur la rue, mais la tête basse en méprisant tout le monde de la sorte en leur for intérieur : "Bof! Bof! Et bof encore! Ah, encore un! Pouah! Bof! Quétaine! Bof! Bof!". Ça vous est-il déjà arrivé de faire de telles remarques en pensée? Moi quand je remarque ces agaces pissettes qui ont un air aussi bête, je fais attention à la manière que je les juge, ainsi qu'à la manière que je juge les gens en général, car je sais que la mesure que j'emploi à leur égard pourrait bien se retourner contre moi si je ne fais pas attention à mes propres pensés. Car est bien malin celui qui voit la paille dans l'œil du voisin sans remarquer la poutre qu'il a dans son œil. Tout ça pour postuler que le vice de la société est proportionnel à la quantité de vice qui réside dans le cœur de l'individu moyen. Si l'individu moyen a un cœur rempli de convoitise et d'avidité, on voit bien sous quel toit réside le vice.

 

Sauf, peut-être…

Alors là, nous avons bien vu où se cache le mal à propos de ce qui nous intéresse. Nous avons examiné la médisance et la calomnie anti-échangistes, le mépris, le mensonge, les demi-vérités sur "la pêche", la manipulation par les sentiments, l'esclavagisme, l'exploitation, le pouvoir, l'avarice, la paille et la poutre, l'adultère, et j'en passe encore. Comparé à la rue, les clubs échangistes sont de véritables lieux de culte car beaucoup d'échangistes y cultivent l'amitié, le sens du partage, la chaleur humaine, la générosité, et même la solidarité. Dans l'atmosphère des clubs échangistes, nous sommes bien loin de l'hostilité de la rue, de la puanteur des bars ordinaires où les gens gèlent leurs problèmes en se paquetant d'alcool, et de la société en général où les gens doivent se méfier de leurs plus proches voisins, sans oublier le monde du travail où les gens se querellent pour des choses insignifiantes du point de vue cosmique.

À mon avis, les couples échangistes ne sont pas de ceux qui disent à leur conjoint(e) "je t'aime" en pensant en leur for intérieur que tant qu'ils peuvent mettre leur époux(se) dans leur poche, ils ont tout le loisir d'entretenir une maîtresse ou un amant en cachette sans que l'autre se pose trop de questions. Il y a un élément de vérité chez les échangistes, c'est le fait d'être fidèle non pas à des traditions mais d'être réellement fidèle envers l'autre ET envers soi. Chez les échangistes, la non-exclusivité sexuelle se pratique de manière consensuelle et transparente, et non de manière adultère car il n'y a aucune tricherie, ni aucune tromperie. Qui plus est, il est bien difficile d'être à la fois avare de son corps et échangiste, tout comme c'est difficile d'être échangiste sans être généreux en plaisirs et en caresses.

Cette réflexion sur "la maison du vice" est destinée à vous tous, si vous êtes échangistes, qui aurez éventuellement à défendre votre honneur contre des jugements pervertis. Pervertis! C'est bien le juste mot, n'est-ce pas? Car apparemment que balances déréglées sont des horreurs aux yeux de notre Seigneur.

 

André Gallant

 

Autres articles

L'origine du Kama Sutra
Échanges de couples équitables
Séduction et "contrôle mental"