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Les éditoriaux de l'AÉQSA


Montréalais, cachez vos bouteilles d’alcool au «party» de bureau!

Montréal, vendredi 29 novembre 2002 -

Votre bureau fait un «party» de Noël et le patron sert la bière et le vin à tout le monde. Vous faites partie d’un club de philatélie, vous faites une fête, et chacun apporte sa boisson. Vous êtes membre d’un club équestre qui réuni son monde le jeudi soir et vous apportez vos consommations alcoolisées pour fêter. Tout cela est bien normal me direz-vous. Eh bien, pas si on en croit l’agent enquêteur Christian Jobin et ses 30 acolytes du module de la moralité de la police de Montréal, qui ont saisi 201 bouteilles jeudi soir dernier, le 28 novembre 2002, vers 23:30 heures au club sélect et privé l’Orage de Montréal.

Encore une fois les policiers de Montréal s’en prennent à de paisibles couples hétérosexuels - ils étaient une vingtaine d’adultes présents au moment de la saisie - qui ne demandaient qu’avoir du plaisir en discutant ou en dansant dans cette salle de réunion que leur offre l’Orage.

Imaginez! Trente policiers qui n’avaient rien de mieux à faire ce soir là, que de venir terroriser des couples, sous prétexte qu’il s’agissait d’un débit de boisson clandestin. Aie, réveillez-vous! On est plus au temps de la prohibition. C’était voilà plus de 80 ans.

Pourtant le Québec, au temps de la grande prohibition en Amérique du Nord, fut la dernière province à instaurer celle-ci, et uniquement pendant moins de deux ans, du 1 mai 1919 jusqu'au 1 mars 1921. Et encore, cela ne touchait ni la bière, ni le vin. Messieurs de la police, pour votre gouverne, nous sommes en 2002.

« Entendre pour mieux servir », telle est la devise inscrite sur la carte d’affaire de l’agent de la moralité. Et bien, ils n’ont certainement pas entendu le sondage CROP pan-canadien d’avril dernier, qui mentionne que 74% des québécois sont prêts à tolérer l’existence des clubs échangistes.

Qu’est-ce qui pousse les autorités montréalaises à s’acharner sur les échangistes? L’envie, la jalousie, la frustration? Allez donc savoir. Il doit quand même y avoir un motif pour faire une descente à 23:30 heures lorsqu’on sait pertinemment que la fête a cours, au lieu de se pointer en plein jour, lorsqu’il n’y a que le propriétaire et peut-être le concierge sur les lieux. On peut légitimement croire à deux réponses possibles; soit un peu de voyeurisme de la part de nos policiers ou, du harcèlement prémédité et calculé. Car, avouez qu’il aurait été bien plus simple et bien moins coûteux pour la ville, de faire cette saisie, si telle est la vraie raison de l’incursion, en plein jour avec quelques policiers seulement.

Les gens du vestiaire, qui accueillent les invités à la porte de l’Orage, ont demandé à un policier : « pourquoi êtes vous venus en si grand nombre, ce n’est pas nécessaire et cela va impressionner nos invités? » et ils se sont fait répondre par ce policier : « C’est ça le but, c’est d’impressionner! »

Bernard Corbeil, le propriétaire de l’Orage ne comprend pas le pourquoi de cette action policière de jeudi, « si ce n’est que pour intimider et harceler les gens, car une saisie similaire s’est faite au mois d’avril 2000 et l’affaire est toujours en attente d’être jugée », dit-il.

Jacinthe Bédard, l’hôtesse de la soirée déclare : « j’ai demandé à voir le mandat de perquisition dès l’arrivée des policiers, et par la suite je l’ai redemandé à plusieurs reprises, et ils ont mis plus de 20 minutes avant de me le montrer. » Elle a ensuite demander aux policiers d’expliquer aux invités que cette action policière ne touchait que les bouteilles d’alcool, afin de sécuriser son monde, et c’est avec réticence que les policiers ont acquiescé à sa demande.

Benoit, le portier, à trouver la façon de faire des policiers, pas trop orthodoxe, quant à lui;
« J’ai voulu téléphoner à mon avocat et ils m’ont refusé ce droit, allant même jusqu’à m’arracher mon cellulaire des mains ».

Le club l’Orage n’a jamais vendu d’alcool, les membres y apportent le leur, les prénoms sont apposés sur chacune des bouteilles, ils consomment ce qu’ils ont apporté au cours de la soirée et c’est tout. Nous avons à l’Orage, ma conjointe Sofie et moi, chacun notre vin identifié, elle boit du blanc et moi du rouge. D’autres ont une bouteille de vodka, de rhum, de gin, de tequila… Oui, il y avait bien 201 bouteilles à l’Orage, mais elles appartenaient toutes à autant de membres adultes qui viennent là pour s’amuser, discuter, danser, échanger, avec d’autres adultes.

Cette saisie aura certes, causée un certain désagrément aux personnes présentes. J’ose espérer que le manque de délicatesse des policiers n’aura pas traumatisé trop de couples.

Jean Hamel



L'absurdité refait surface

Longueuil, 12 mars 2002 -

On retombe encore une fois dans l'absurdité. Non contents des sanctions imposées aux policiers Lynda De Laplante et Pierre Bergeron de l'ancien Service de police de la Ville de Brossard, la Fraternité des policiers de Longueuil a annoncé aujourd'hui qu'elle irait en appel de la décision du Commissaire Gilles Mignault.

À la lecture du jugement, toute personne sensée, vivant dans un pays de liberté, ne peut qu'être d'accord avec le jugement rendu.

Pourquoi alors faire appel, lorsqu'a été clairement démontré l'abus de pouvoir utilisé par les policiers dans la cause en question?

Pourquoi encore gaspiller les taxes des citoyens? Pourquoi prendre la chance de tomber sur un Commissaire rétrograde qui annulerait la décision réfléchie du blâme des policiers. Pourquoi avec toutes les jurisprudences mentionnées au jugement, faudrait-il rouvrir celui-ci?

Probablement parce qu'en fait, les policiers n'ont rien à perdre, ce n'est pas leur argent personnel qui est en cause. De plus, ils ne risquent que d'y gagner. Un autre jugement d'appel en leur défaveur et ils en seraient au même point qu'aujourd'hui, alors pourquoi pas? Quand ce n'est pas nous qui payons, allons-y à fond!

Jean Hamel



Une victoire très importante pour la liberté

Montréal, 18 janvier 2002 -

Le Comité de déontologie policière du Québec redonne espoir en la justice.

Rappelons un peu les faits. Le 2 juillet 1999, le détective Pierre Bergeron du Service de police de la Ville de Brossard, conduit et effectue une descente au motel Best Western de Brossard pendant une soirée échangiste, en compagnie d'autres policiers. Parmi ceux-ci, l'agente Lynda De Laplante est chargée des relations avec les médias.

Les policiers avertissent les médias de ce raid avec un téléavertisseur d'urgence médiatique, communément appelé le T.U.M. Ce téléavertisseur spécial doit servir en cas de danger pour la population, afin que les médias puissent avertir le public.

Au cours de la descente, les policiers ne font rien, ou du moins très peu, pour empêcher les photographes, cameramen et autres journalistes de croquer toutes les images voulus des invité(e)s nu(e)s venant de se faire surprendre. On peut voir et reconnaître ces échangistes aux journaux télévisés et écrits, le soir même, le lendemain, et même tout au long de la semaine. (TVA, TQS, Radio-Canada, La Presse, Journal de Montréal, Photo Police...)

De plus, on les accuse de prostitution, à tort, car cette accusation sera retirée très rapidement. Trop tard par contre pour ces innocents (au Canada, on est présumé innocent jusqu'à preuve du contraire) car le mal est fait. On les a reconnus. La famille, les relations de travail, les amis, les autres parents de l'école que fréquentent leurs enfants... Elles et ils sont jugé(e)s, humilié(e)s, perdent toute dignité, et cela, avant même d'avoir été reconnu(e)s coupables par la justice. Pourquoi? Simplement pour l'étroitesse d'esprit de certains policiers, même si nous sommes en l'an 2000, vis-à-vis de la sexualité de groupe.

La Charte canadienne des droits et libertés stipule à son article 2 que:
Chacun a les libertés fondamentales suivantes :
a) liberté de conscience et de religion;
b) liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression;
c) liberté de réunion pacifique;
d) liberté d'association.

De plus la Charte québécoise des droits et libertés de la personne stipule également dans son article 4 que:
Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation.

Le Code civil du Québec lui, mentionne:
Code civil du Québec : Livre premier - Des personnes : Titre premier - De la jouissance et de l'exercice des droits civils
3. Toute personne est titulaire de droits de la personnalité, tels le droit à la vie, à l'inviolabilité et à l'intégrité de sa personne, au respect de son nom, de sa réputation et de sa vie privée. Ces droits sont incessibles.

Et finalement, la Charte des Nations-Unies dans sa déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 nous dit:
Art 9. La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l’oppression de ceux qui gouvernent.

Les policiers, lors de leur entrée en fonction, doivent prêter les serments ou affirmations solennelles d'office et de discrétion selon la Loi de la police. Malgré toutes ces lois et articles de Chartes des droits et libertés, les deux policiers en cause en ont fait fi.

Concernant l'invitation aux médias à être présents lors d'une opération policière, le Comité de déontologie policière conclut dans sa décision rendue le 18 janvier 2002 que la conduite du détective Bergeron et de l'agente De Laplante est dérogatoire.

Concernant l'infraction à l'article 4 de la Charte des droits et libertés, le Comité mentionne: «Dans ces circonstances, il ne fait aucun doute qu'en agissant comme ils l'ont fait, en permettant qu'on filme des personnes présentes lors d'une intervention dans une «maison de débauche», en parlant publiquement de «prostitution» avant le dépôt des accusations, en laissant ainsi entendre que les personnes présentes sur les lieux pouvaient être accusées de cette infraction criminelle alors, qu'au surplus, tel n'était pas le cas selon les accusations portées contre celles-ci, les policiers n'ont sûrement pas respecté l'autorité de la loi et des tribunaux et n'ont pas collaboré à l'administration de la justice.
En agissant de cette façon, le détective Pierre Bergeron et l'agente Lynda De Laplante ont porté atteinte à la dignité, à l'honneur et à la réputation des personnes concernées, violant ainsi l'article 4 de la Charte des droits et libertés de la personne.
»
(C-2001-2998-2, C-2001-2999-2, C-2001-3000-2 [110,111])

Concernant l'utilisation du T.U.M., le Comité mentionne; «Dans les circonstances, la conduite de l'agente De Laplante est mauvaise, répréhensible et excessive et constitue conséquemment un abus d'autorité. Celle du détective Bergeron, ayant la responsabilité de l'opération et ayant permis cette utilisation impropre et inappropriée du TUM, l'est tout autant.»
(C-2001-2998-2, C-2001-2999-2, C-2001-3000-2 [119])

L'AÉQSA se réjouit de ces décisions, félicite la Commissaire Ann Boivin pour son intégrité, et honore les quatre échangistes qui ont osé porter plainte et mener à terme cette aventure juridique qui semblait perdue d'avance, devant cette grosse machine policière et politique qui avait les moyens de se défendre à même nos taxes. Bravo alors à Rose Bordeleau, Gilles Langlais, Manon Martineau et Danielle Paquin. Le mouvement échangiste québécois vous sera toujours reconnaissant.

Si vous avez la chance de les côtoyer au cours d'une soirée échangiste, n'hésitez pas à les remercier. C'est avec des gens courageux comme nos quatre amis, que l'on fait avancer les causes que nous croyons justes, au nom de la liberté de choix, de notre sexualité.

Jean Hamel



Les jeux gais de 2006

Montréal, 25 octobre 2001 -

Montréal vient d'être choisie ville hôte pour les 7ième jeux gais qui auront lieu du 29 juillet au 5 août 2006.

Les premiers jeux furent organisés en 1982 et 1986 à San Francisco. Ensuite les jeux se sont transportés à Vancouver en 1990, New York en 1994 et Amsterdam en 1998. Sydney en Australie accueillera les jeux en 2002.

Le maire Bourque qui assistait à la cérémonie pendant laquelle cette nouvelle a été annoncée, semblait très heureux de cette nomination. Si bien, que la ville de Montréal y injectera un million de dollars en services. Le gouvernement du Canada ainsi que celui du Québec versent un appui substantiel de un million chacun. Tourisme Montréal et l'Association des Grands Hôteliers versent pour leur part 1,2 million. Même le ministère du Tourisme, dans leurs publications anglophones, recherche les gais nord-américains en vantant les mérites de Montréal avec des slogans comme :
«Montréal, the gay friendly city».

Pendant ce temps, nous, les échangistes hétérosexuels, subissons encore la désapprobation des autorités même si nos pratiques se font légalement en privé, sans drogue et sans prostitution.

Si nous faisions valoir nos droits comme le fait la communauté homosexuelle, peut-être aurions nous aussi des subventions afin d'organiser des conventions échangistes à Montréal. Peut-être aurions nous aussi la possibilité (au frais des contribuables) d'obtenir des brochures publicitaires du ministère du Tourisme intitulées:
«Montréal, the friendly swing city!».

Probablement nous faudra-t-il attendre d'être assez nombreux pour rapporter autant de dollars que nos amis gais et lesbiennes avant d'être acceptés dans notre orientation sexuelle.

Jean Hamel




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